samedi 26 avril 2014

Fuck Rock & Folk !


The Weaklings "Shake"




Alors que le NEAT 36 bat son plein, un petit coup de gueule contre ce torchon qui ose encore s'appeler
Rock & Folk... Quand on voit le sommaire de ce mag foireux on se demande pourquoi ils ne se sont pas encore rebaptisé "Mainstream and Hipster"...
Articles convenus, groupes défendus chiants à mourir, contenu plus proche d'un magazine pour salle d'attente de dentiste que vrai défendeur de "juste" musique, celle qui parle au coeur et à l'âme.
Si, il est vrai que certains nouveaux journalistes essaient de relever le niveau on doit quand même faire le constat global qu'il tourne à vide depuis un moment.
Dossiers spéciaux ré-ré-édités, articles sur les Stones presque tous les mois (au moindre pet de Jagger) et je ne parle même pas des plans snobinards "nous on est à Paris, pauvres provinciaux que vous êtes"...
Un journal vraiment navrant qui n'a même pas été capable de faire des hommages dignes de ce nom à des artistes réellement rock'n'roll tel Lux Interior ou Scott Asheton...

A la place, on a le droit à des groupes "actuels" (actuel ça veut dire pas ringard, un groupe qui défend une musique contemporaine adulés des jeunes et des moins jeunes persuadés de rester dans le coup)
Ces groupes ont des étiquettes toutes faites  : néo Métal, néo punk, néo grunge, néo garage (sic !!)
Ils seront morts bientôt et on évoquera même plus leurs noms dans l'histoire.
Evidemment cela permet de vendre de bonnes vieilles pages de publicités avec public ciblé (voir plus haut).


La vraie Couv' :


Encore un coup de gueule contre R&F vous allez me dire...
C'est vrai que y'a des choses plus graves...
Mais bon, quand on voit Manoeuvre qui la ramène partout avec son "savoir" rock'n'roll, lui qui est prêt à servir la soupe aux télé reality-show foireux comme la nouvelle star...
On sait depuis longtemps que lui et son staff cirent les pompes aux Majors (et compagnies !).
Après avoir défendu bec et ongles une scène navrante  de "bébés rockeurs" qui aujourd'hui, ont soit disparus, soit font de la pub télé pour les fringues ou les parfums (ou bien ont du s'exiler aux US, car leur côté "so frenchy" plaît à tous les bobos rockers du coin) on n'oublie pas sa critique assassine du 1er Ramones :

RAMONES

PHILIPS 9103 253



Comment, oui, comment pourrait-on croire à cette nouvelle scène new-yorkaise dont on nous rebat les oreilles à grands cris prétentieux dans les fanzines ? Car enfin, voici des gens qui passent leur temps à se reformer et à se dissoudre et qui ne parviendront vraisemblablement jamais à sortir de ce trou de CBGB qui risque, à défaut d’avoir été un tremplin, de devenir leur tombe. Dès cet été, il est évident que les touristes vont s’engouffrer dans le Queens, et revenir en se gargarisant sur l’explosion new-yorkaise. Explosion qui, à la lueur de cet album, a fait long feu. Car « Ramones » est le degré zéro du rock, fût-il punk. La taille des morceaux (tout le monde le sait) oscille entre 1,30 et 2,35 mn. Elle a beaucoup fait pour la réputation du groupe. Mais à vrai dire, Johnny Ramone, Joey Ramone, Dee Dee Ramone et Tommy Ramone manquent vraiment de la plus infime once de classe. Là n’est pas leur propos, hurlerez-vous, mais ils ont l’air si bêtes qu’on peut se demander si 1) s’ils ont jamais pris un trip 2) si leur manager (ce vieil escroc de Danny Fields) le fait exprès.
Musicalement, imaginez une guitare au son quelque peu stoogien (ce qui n’est pas une performance en soi, donnez-moi un Marshall, une fuzz-disto et une Les Paul et je vous fais un son stoogien en diable). D’accord, les solos sont passés de mode. Mais dans le cas des Ramones, on a envie de dire que ça tombe à pic : quand un type éprouve des difficultés à enchaîner trois riffs (toujours les mêmes !), riffs que soutient à grand peine une section rythmique morose, on a peur pour la mémoire de Ron Asheton. Quant aux vocaux, on les oublierait instantanément si le chanteur ne hurlait des horreurs du genre – je n’ai que l’embarras du choix : « cogne la môme avec une batte de base-ball », ou « J’veux pas me balader avec toi (3 fois) / Alors pourquoi tu veux te balader avec moi ? ». Et puis la profession de foi : « J’étais un béret vert au Viet-Nam. » Et le nouvel hymne : « Tous les mômes veulent sniffer de la colle » Etc… Chaque morceau est enchaîné au précédent, le total des faces est de quatorze minutes environ.
Résumons-nous : les Ramones représentent une partie infime de cette énergie que les Stooges ont canalisée au péril de leur vie et avec une maestria bien connue. Mais je veux bien être pendu si en fait les Ramones ne sont pas le groupe le plus propre et le moins dangereux du monde. Et c’est dans leur monotone régularité dans l’outrage qui bien vite ennuie et rappelle la lecture d’un roman porno spécialisé dans telle ou telle perversion, mais pas une autre, attention. Je suppose que si les Ramones faisaient leur truc pendant que je buvais ma bière dans un troquet, je partirais pas avant de l’avoir finie. Bon, mais de là à en faire un album, il y a un gouffre dans les moyens qu’ils ne possèdent pas. A la limite, l’achat du simple « Blitzkrieg Bop / Havana Affair » suffirait amplement, et serait même recommandable. Mais pour de plus amples informations sur le côté sauvage de New-York, allez plutôt réécouter les deux chefs-d’œuvre que sont « Go Girls Crazy » des Dictators et « Metal Machine Music » de cette vraie personnalité qui s’appelle Lou Reed.

PHILIPPE MANŒUVRE,

Rock’ n Folk - Août 1976

Celui-là est pas mal non plus :

 

Bon, certes, tout le monde peut se tromper, l'erreur est humaine, blablabla mais quand même...
C'est comme si moi je faisais une bonne chronique de Shaka Ponk aujourd'hui...
Ha non, merde, mauvais exemple... Si c'était le cas je pourrais postuler à R&F !!!



Prof Manoeuvre à l'oeuvre...

Côté néant et supercherie, il s'y connait bien...


Wahou ! Trop "fun" les amis...

8 commentaires:

RanxZeVox a dit…

Voila qui fait plaisir à lire. Tu n'épargnes rien et pourtant tout ce que tu dis est juste. R&F est un magazine pour neuneu branchouille avec des article niveau rédaction de 6eme.
Si tu veux rire un bon coup chope toi la chronique de highway to hell d'AC/DC par le même manoeuvre, c'est du grand art pour un gonze qui depuis prétend les avoir quasiment découvert et assurément défendu depuis la première heure...
Le seul truc bien avec r&f c'est que j'économise 6euro tous les mois.
Hugo Spanky

Chris Damned a dit…

J'enfonce un peu des portes ouvertes, mais bon ça fait du bien de le dire... Merci pour ton commentaire !

Anonyme a dit…

Mon avis est également plus nuancé; même si tout n'est pas à mon gout, je suis toujours intéressé par plusieurs articles chaque mois.
Syl.

Hervé a dit…

Mon avis est aussi nuancé: si R&F est devenu une daube, les Inrocks l'ont toujours été. :-)

Objectivement, R&F n'a pas toujours été un sac à m*rde pour journalistes pédants qui donnent au rock n'roll une image aussi snob et gonflante que le Jazz, un genre "à part pour personnes initiées" en le transformant tout bonnement avec l'aide d'artistes de variétés comme JL Aubert et d'intellos à deux balles (Houellebecq) en une chose "bizarre" difficile à comprendre etc. N'oublions quand même pas qu'il y a déjà eu chez R&F une utilisation massive de la variété pour vendre, dans les années 60, avec Dutronc, Polnareff etc qui n'étaient rien d'autre que des chanteurs de variétés.
Mais jadis, il y a des lunes, dans les temps anciens, ce fut un bon canard qui, avec Best, fit mon éducation musicale, enfin, disons, le dépucelage, après, il y eut les concerts et les disquaires qui ont quand même contribué de façon très efficace à ma culture rock n'roll, punk etc. avec l'aide de fanzines.
Aujourd'hui, malheureusement, R&F vend du rock comme Leclerc vend de la part de linéaire, de la lessive et des pâtes. Sans passion, simplement parce que l'éditeur demande du résultat. Même la chronique réédition que j'avais plaisir à lire est en déclin (le dernier numéro est une catastrophe à ce niveau-là aussi...Daho...Mon Dieu....Et pourquoi pas Dave tant qu'on y est?)
Mes expériences rapprochées avec R&F sont parlantes.
1. J'écris il y a quelques années pour me plaindre que le CD "promo" n'est pas un article promotionnel puisqu'il fait vendre les numéros plus cher que lorsqu'il n'y en a pas (un disque promo est normalement offert). La réponse a été du genre: Monsieur, les éditions Larivière nous demandent du résultat, nous vendons 10 fois plus avec le CD et le numéro plus cher que lorsqu'il n'y en a pas donc pourquoi changer?
2. J'étais en contact avec un des journalistes du magazine il y a une dizaine d'années. Nous avons fait quelques virées ensemble et il m'a beaucoup appris sur le "métier" et comment travailler à R&F...Sa phrase culte: "même si tu dis une grosse connerie, dis-la avec tellement d'aplomb qu'elle passera comme une lettre à la poste". Le genre de gusse qui me demandait si tel ou tel groupe local (dans mon bled) "méritait qu'il s'y intéresse" (ben vas voir un concert du groupe et fais toi une idée !). Enfin, pour conclure, il avait accompagné un groupe en tournée. Il avait détesté les concerts, la musique etc, mais il avait eu "l'honnêteté" de me dire "tu comprends, ils m'ont payé l'hôtel, la bouffe etc je peux pas les descendre, même si c'est nul, je peux pas les descendre". Bah oui, c'est pas très gentil de faire ça quand on a accepté de se faire entretenir façon pouliche de luxe (de ce côté là les maisons de disques font TRES bien leur travail...). Bref, R&F est en baisse permanente depuis dix ans, après un passage à vide dans les années 84-90 et un retrou intéressant dans les 90's aujourd'hui, il fait économiser 6.00€ par mois comme l'a écrit Ranx Ze Vox.
J'espère que les fanzines ne deviendront pas du même niveau (parfois, j'y trouve aussi un certain copinage qui me gonfle mais la plupart du temps ils tiennent encore la route, heureusement).

Hervé a dit…

J'ajoute simplement que le début de mon commentaire précédemment posté sur cet admirable blog cible le dernier numéro de R&F et sa pochette prétentieuse à souhait... Le cercle des poètes.... Misère... ON EST CHEZ LES JAZZEUX;;;;Bientôt un reportage au festival de Marciac par Géant Vert !

Chris Damned a dit…

Comme tu l'as dit Hervé, l'intellectualisation du rock'n'roll par les médias a certainement été plus forte encore avec un canard comme les inrocks (inrockuptibles=impossible à rendre rock, tout est dit...) dont les chroniques étaient la plupart du temps incompréhensibles (ils ont aimé ou pas ?) quand il ne fallait pas une licence de psychologie pour en comprendre la trame.... Un journal capable de descendre les Ramones, les Cramps ou le Gun Club et d'encenser dans le même temps de minables groupes pop dont l'histoire n'a pas retenu le moindre pet... Pour R&F, c'est plus clair car même si on sent le vécu et l'histoire par certains de ses membres, on voit bien que les perches tendues aux sirènes du mainstream sont à peine voilées. Il faut vendre, être dans le "coup" (d'où mes parodies de couvertures) quitte à promouvoir de la merde FM et du rock surtout pas dangereux... Oui on est bien en France, pays de droite par tradition où même le rock ne doit pas être synonyme de danger pour nos chères têtes blondes et le "tout aseptisé" est roi. C'est bien mon principal reproche à propos de ce journal. Pour le reste, un artiste dit "de variété" peut parfois paraître 100 fois plus rock'n'roll que certains trous du cul qui en ont toute la panoplie et l'apparat mais qui dans le fond... Je pense que le débat pourrait être long et animé, je vous remercie de me donner vos points de vue et de faire vivre ce petit bout de rock'n'roll passionné qu'essaie d'être ce blog. Après, rien n'est jamais parfait. En tous les cas, la blogosphère est riche de personnes qui ont des choses à échanger, la parcourir est un réel plaisir. N'oubliez pas de visiter les liens donnés ici où ailleurs, c'est parfois un joli livre ouvert sur la non médiocrité. Cheers.

Chris Damned a dit…

Je précise quand même que les groupes présents dans mon montage ont quand même bien été encensés par R&F...

Johanna a dit…

Si vous voulez rire encore, lisez son interview par gonzai, un festival de suffisance d approximations :))
https://gonzai.com/profession-rock-critic-philippe-manoeuvre/